La boisson des dieux

Ouvrons le réfrigérateur d’une colocation estudiantine: on y trouvera une boisson à l’avoine et des pâtes de la veille, mais aussi certainement du maté. Proposé en canette, en bouteille ou même en Tetra Pak, ce thé à la couleur ambrée est idéal pour se réveiller à toute heure du jour ou de la nuit. Et il ne se boit plus seulement dans les amphis ou les salles de cour! Ces dernières années, en e­ffet, il a conquis le grand public. On le trouve sur la carte de presque tous les restaurants et plus d’un bar s’en sert dans ses cocktails et autres mocktails. Cette boisson a peut-être débarqué il y a peu sous nos latitudes, mais ailleurs, on la connaît depuis des millénaires.

L’histoire du maté commence en Amérique du Sud avec les Guaranis, un peuple autochtone vivant dans les régions amazoniennes en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie. Avant même que l’Europe ait connaissance de leur existence, les Guaranis buvaient déjà du maté. Pas pour faire passer la soif, mais comme véritable thé. Ils le préparaient à partir des feuilles de yerba mate, une espèce de houx. Aujourd’hui encore, l’arbre, ainsi que le maté lui-même, sont sacrés et considérés comme un cadeau des dieux.

L’infusion du thé est un vrai rituel spirituel. On recouvre les feuilles broyées d’eau bouillante dans une calebasse, encore et encore. Elle est dotée d’une paille métallique (la «bombilla»). Le tout prend un certain temps, parce que le maté se boit ensemble. On se passe le récipient pour célébrer l’amitié et la joie de vivre. Au point que refuser d’en boire constitue un faux pas!

Chez nous, on a plutôt tendance à ne pas aimer partager son verre ou sa bouteille de maté, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de rituels. On peut tout à fait en boire à certains moments précis, comme on le fait avec le café. Le maté est bien plus qu’une boisson, c’est une philosophie de vie.

Traditionnellement, le maté se boit avec une paille métallique appelée «bombilla», qui sert de filtre.