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Le paquet bilatéral, indispensable pour le spatial et l’innovation

Pour Aude Pugin, CEO d’APCO Technologies, il est grand temps de concrétiser le nouveau paquet d’accords avec l’UE. Basée à Aigle, son entreprise est active dans le spatial, le nucléaire et l’industrie navale.

Pourquoi les accords bilatéraux sont-ils si importants pour votre entreprise?

Ils le sont pour toute la Suisse, puisque l’UE représente plus de la moitié des exportations de notre pays. Cela fait plus de 25 ans que les accords bilatéraux contribuent à la prospérité de la Suisse. Il faut continuer dans cette voie.

Dans le domaine spatial, l’Europe offre un cadre de coopération historique et structuré. La Suisse est d’ailleurs l’un des membres fondateurs de l’European Space Agency (ESA) – qui regroupe aujourd’hui 23 États membres – ce qui nous permet de mutualiser les ressources pour des projets d’envergure que notre pays ne pourrait pas réaliser seul. Grâce à cette coopération, des entreprises suisses comme la nôtre ont pu participer à des initiatives majeures, tel le lanceur européen de satellites Ariane 6.

Quel est l’intérêt pour la Suisse de participer à de tels projets?

Le spatial est un secteur clé pour l’avenir. Il constitue une infrastructure essentielle, assurant une connectivité globale pour tous. Il aide à la compréhension de notre planète et de son climat, permet une meilleure réponse en cas de crises. L’observation de la Terre depuis l’espace permet de mieux voir et comprendre la Terre et ses évolutions, elle optimise aussi l’agriculture. Ce n’est pas un hasard s’il existe un accord dédié au spatial dans le nouveau paquet bilatéral: la Suisse ne peut pas se permettre de manquer le train dans un domaine devenu aussi dimensionnant.

La Suisse participe au programme de navigation par satellite européen Galileo, ce qui lui garantit un accès à des signaux hautement fiables, utiles au transport terrestre, maritime et aérien. De même, avec le programme Copernicus – le vaste dispositif européen d’observation de la Terre – l’Europe génère des données critiques pour la météo, l’environnement et la gestion des catastrophes naturelles: satellites, capteurs terrestres, données en temps réel.

Les entreprises et instituts suisses utilisent déjà ces bases de données et seraient pénalisés en cas d’exclusion. Grâce à ces coopérations, nos chercheurs, nos start-up, nos entreprises obtiennent un accès anticipé à des marchés, des appels d’offres, des services à forte valeur ajoutée. Cela crée de l’innovation, des emplois à haute compétence et des retombées industrielles directes en Suisse.

Le spatial est un exemple parfait de la valeur ajoutée qu’apporte la coopération avec l’Europe. La Suisse y gagne en autonomie stratégique et il y a d’autres domaines dans lesquels cette coopération peut nous rendre plus résilients: l’intelligence artificielle, l’énergie, la sécurité.

Vous dites qu’il est urgent de concrétiser les Bilatérales III. Pourquoi?

Je tiens à saluer le travail des négociateurs suisses, mais soyons clairs: ces dernières années d’incertitude ne sont pas sans conséquence, elles ont déjà entraîné une perte d’attractivité de la Suisse et là, je ne parle plus seulement du domaine spatial. Nous avons plus que jamais besoin de coopération européenne dans la recherche et l’innovation, et devons préserver notre accès privilégié au marché européen, qui reste, de loin, notre premier débouché commercial.

À présent, il faut envoyer un signal clair aux marchés et aux investisseurs: la Suisse s’engage pour avancer et consolider sa relation avec l’UE. Sans cela, notre compétitivité va continuer à s’éroder et nous allons toujours plus nous isoler. Le paquet d’accords bilatéraux n’est pas optionnel: il est une condition cadre indispensable pour le maintien et le développement de notre économie et de notre industrie.